lundi 26 juillet 2010
La métaphore filée dans la tirade de Créon dans Antigone
La métaphore filée dans la tirade de Créon
CREON, la secoue soudain, hors de lui
Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J’ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend de l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère…et le gouvernail est là qui ballottent. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât qui craque, et le vent siffle et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’est peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ?
Anouilh, Antigone
1 Relever le champ lexical maritime : barque, équipage, petit radeau, le mât, vent siffle, les voiles, bateau ……
2 Que désigne Créon par le comparant « bateau » ?
→ la ville Thèbes
3 Quel est le danger qui guette le bateau ?
→ La tempête avec son corollaire de malheurs : la montagne d’eau, le mat craque, les voiles vont se déchirer, le gouvernail….
→ Un naufrage imminent menace donc le bateau.
4 Que désigne le roi par la tempête? Autrement dit, la tempête est le comparant dont se sert Créon pour convaincre sa nièce, cherchez son comparé
→ La guerre entre les deux frères ennemis.
5 Comment peut on sauver le bateau /Thèbes ?
→ Dire « oui »
→ des personnes capables de « ….men[er] la barque »
→ « On prend le bout de bois » (la barre)
→ « On redresse….. »
→ « On gueule un ordre »
→ Le pronom « on » renvoie au capitaine /Créon
Le prologue rappelle au spectateur « la ville est sauvée » « le roi a ordonné… »
→la métaphore est un transfert de sens par substitution analogique, quand elle se développe sur plusieurs phrases, on parle alors de métaphore filée.
Dans la tirade de Créon, seul le comparant est présent ; le lecteur doit trouver le comparer.
→ Sans l’intervention d’une autorité politique incarnée par le roi, Thèbes aurait plongé dans le chaos comme un bateau qui risque de faire naufrage.
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